les textes de Jean Raine
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Acousticons et sonotones
(Jean Raine - 1949)
A Marcel Marceau La parole était nécessaire au cinéma, comme à tous les bavards, comme à tous ceux qui n'ont rien à dire et éprouvent cependant le besoin de s'épancher. Il lui fallait l'arsenal des mots, comme il lui faut déjà la couleur, bientôt la vraie, le relief et le reste. Le muet était (…)
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Agonie dans un parc
(Jean Raine - 1968)
Une rue de San Francisco semble morte. On y voit des enfant qu'on n'a pas vu grandir. Ils ne sont plus nombreux. Hier encore, des corps cherchaient à se chauffer au soleil et encombraient les trottoirs, dépouilles loqueteuses pour lesquelles tout vêtement semblait un superflu. Le parc était (…)
- Agronomia e false realta (Jean Raine - 1973Vincenzo Torcello - 1973)
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Angle grave
(Jean Raine - 1971)
La roue semble tourner, la roue n'est qu'un visage, elle épouse la rondeur d'une fatuité, c'est un carré sans angle. Dieu sinon l'aurait-il inventée ? Non ! Nous avons des jambes et ce qu'il y a de plus mortel dans l'homme s'est inscrit dans la sphéricité. Cours les routes vieux rat. Tu (…)
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Apocopes pour Marcel Broodthaers
(Jean Raine - 1976)
Liminaire Marcel Broodthaers était de ceux qui ne s'éternisent pas. Il est mort à Cologne à l'âge de cinquante deux ans. Ce qui fut vrai de sa vie l'est aussi de son oeuvre. Il hâtait l'évènement. Volte-faces, rebondissements, imprévus, reniements de sa propre démarche pourtant d'une logique (…)
- Apophtegmes et Aponévrose (Jean Raine - 1981)
- Artistes de Lyon à Paris (Jean Raine - 1975)
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Autotanatografia
(Jean Raine - 1972)
A che pro e che cosa dire ? Si scrive, si inventa e non si legge ! Una sera, durante un piacevole ricevimento in cui mia madre, con voce di dimante purissimo, cantava qualche aria d'opera, gravida di nove mesi, a non si quale battuta, presa da crampi e condotta all' ospedale, dà alla luce Jean (…)
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Autothanatographie
(Jean Raine - 1970)
A quoi bon et que dire ? Tout s'écrit, s'invente et ne se lit ! Un soir, lors d'une aimable réception où ma mère, à la voix d'un diamant très pur, chantait quelques airs d'opéra, enceinte de neuf mois, sur je ne sais quelle mesure, prise de crampes et conduite à l'hôpital, elle accoucha de (…)
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Canifications arbitraires
(Jean Raine - 1973)
Un bon chien vaut mieux que deux méchants chats Dormir d'un sommeil de faïence, le chien de son fusil relevé. Ch... sa... cha... doit sa... ch... sans ch... Jésus lécha les pieds du chien d'homme et lui dit : "Voici que sur toi descend le chien d'esprit. Viens t'asseoir dans ma niche. Ta (…)
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Cécité ne nécessite
(Jean Raine - 1970)
Portrait de l'immortel poète A la mémoire d'André Breton. J'aime assez le zazard surtout s'il ne me surprend pas, un hasard sur-objectif en quelque sorte, l'objectif étant atteint bien en-deçà de l'émerveillement très hypothétique que donne l'impression d'atteindre une cible au-delà du miroir. (…)
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Cinéma Paris-Bruxelles
(Jean Raine - 1984)
BELLAIGUE Nadine née à Paris en 1926 En 1946, Nadine Bellaigue vient jouer à Bruxelles "Victor ou les Enfants au Pouvoir" de Roger Vitrac mis en scène par Michel de Ré. Elle jouait le rôle d'Esther. J'en avais construit les décors (avec du matériel de récupération de l'exposition que la (…)
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Comptine du père Ubu
(Jean Raine - 1979)
D'un beau Nibu nous ferons un laid Nibu d'un laid Nibu nous ferons un beau Nibu ainsi de Nibu en Nibu beaux ou laids Nous prouverons que parmi les Nibu aucun Nibu ne se tient pour un être parfait
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Créateur de réalités fictives, d’insécurité et d’épouvante (et autres textes)
(Jean Raine - 1981)
Peindre répond effectivement à des besoins très divers, non seulement selon les époques, selon la personnalité des artistes, mais aussi selon les mécanismes, les phases auxquelles leur vie est soumise. Que puis-je dire de valable qui me concerne. J'ai l'impression, réflexion faite, qu'aucune (…)
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Culture politique et politique culturelle
(Jean Raine - 1969)
J'ai jeté sur papier quelques idées mais elles ne sont qu'un premier jet susceptible de modifications profondes. Les voici en quelques mots. Au départ, je mets en garde le lecteur contre l'emploi abusif de concepts trop analytiques à la matérialité desquels on finit par croire : Culturel, (…)
- De Hollywood à Tarquinia (Jean Raine - 1979)
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De l’automatisme
(Jean Raine - 1984)
Je ne me hasarderais pas à donner une définition de l'automatisme. L'écriture automatique est un concept d'ordre métaphysique. Prenons l'exemple du premier vers du poème "Azur" de Mallarmé. "La chair est triste, Hélas et j'ai lu tous les livres". Quelle est la valeur des mots et quels mécanismes (…)
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De la Séparation et de l’avortement
(Jean Raine - 1969)
Le 25 juin 1960 Commencé la lecture de "mes poisons" de Sainte Beuve. Je me sens le coeur soulevé étrangement il faut le dire, un peu écoeuré mais bien près d'être entraîné à l'imitation. Une introduction verbeuse à la poésie colombienne de Carlos Garcia-Prada, dont la lecture m'irrite depuis (…)
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De la tragédie à l’artifice
(Jean Raine - 1979)
De la tragédie à l'artifice ou l'art d'inapparaître Des pénombres, des presqu'îles, des attouchements de nuits, des détails subversifs, des terreurs incertaines, des morceaux de trésor, des trésors étranglés, des cris refusés par des gorges inhumaines... stop ! Voici que débarque sur une plage (…)
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Dei luoghi e dei momenti
(Jean Raine - 1978)
Essere pittori non significa necessariamente stringere un pennello con la punta delle dita. Come un tempo sulle immagini di Epinal possiamo imaginare il pennello come un pugnale nella morsa dei denti. Forse dipingere non è che l'espressione di desideri assassini. Non mi faccio nessuna illusione (…)
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Déjection en noir et blanc
(Jean Raine - 1970)
Epuré de tout orgueil et situé enfin dans une perspective résolument positiviste, je voudrais me référant aux essais pluralistes, mettre en exergue de mes exercices la théorie du renoncement d'Eugène Dupréel. Ensuite de quoi la lecture de quelques auteurs que mon silence respecte confirmera la (…)
- Dérivatif du songe (Jean Raine - 1945)
- Désordres consentis (Jean Raine - 1980)
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Dessin et Alcool
(Jean Raine - 1964)
Mon esthétique est un parti pris de tourner le dos à l'émotion, d'épanouir ce qui la contredit et par là-même de mettre en parallèle la démarche artistique et la démarche intellectuelle, dont le rationaliste refuse l'expérience première, les données immédiates que la perception fournit à la (…)
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Discursive
(Jean Raine - 1975)
Je prends note (mensonge parce que je dicte) et je n'ai strictement rien à dire. N'ayant rien à dire tout me devient présent. On croirait à quelque vague vague de chaleur et voici le discours amorcé. Que dirais-je ? Il semble qu'un empêchement m'empêche et c'est à cet instant que pourtant tout (…)
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Divers textes de JR
(Jean Raine - 1972)
De la peinture contemporaine j'entends donner une définition dynamique essentiellement restrictive. En fait nous sommes dans notre état présent, contemporains d'un passé qui survit et d'un futur qui va naître ; il importe de savoir ce qu'il y a en nous et autour de nous de mort ou de vivant. En (…)
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Du malheur d’être suisse
(Jean Raine - 1968)
Une carte d'Europe sur laquelle seraient teintées en sombre les aires culturelles où la peinture atteignit ses hauts moments ferait apparaître la Suisse comme une tache blanche dénonçant le néant de toute activité artistique. Telle est l'opinion qui prévaut généralement. Mais il faut l'avouer, (…)
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Ecritures
(Jean Raine - 1984)
KOENIG Théodore né le 7/4/22 à Liège Chimiste et alchimiste tout à la fois, parachuté du Canada où il avait publié des poèmes (Ed. Erla), il fut accueilli aux ateliers du Marais par Michel Olyff, Sergio Dangelo et Ives Dendal. C'est là que je fis sa connaissance. Il fonda avec Joseph Noiret la (…)
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En deçà de toute définition
(Jean Raine - 1968)
Engageons-nous dans une perspective génétique. Le traumatisme de la naissance nous plonge d'emblée dans un état dramatique. Pourtant, entre le premier cri, la première larme et l'expression ludique émerveillée qui lui succède, quelle dialectique influence notre entendement sans le troubler ? Je (…)
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Entracte
(Jean Raine - 1950)
PERSONNAGES : - Le récitant - L'intéressé - Le romancier - Une autruche DECOR : La salle d'attente de l'enfer Le récitant : Dialogue édifiant sur l'esprit de négation pour plaire aux femmes que la grâce d'un enfant n'a pas touchées, aux gendarmes qui depuis le début de ce siècle (…)
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Entre toutes les oeuvres d’art
(Jean Raine - 1982)
I. Entre toutes les oeuvres d'art, les plus niaises sont celles qu'on accroche aux cimaises. Différence essentielle entre le "faire et l'accrocher". II. Question de ne pas désespérer : l'oeuvre la moins niaise est celle à venir, aléatoirement. (Philosophie du compte à rebours et du moins un). (…)
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Essai d’analyse stétoscopique du continent belge
(Jean Raine - 1964)
La Libre mais sauvage Belgique Non je ne jetterai pas de pierres dans le jardin de mon pays natal. C'est qu'au kilomètre carré, le caillou y est si dense (longtemps cette région des Gaules fut la plus peuplée d'Europe, avec comme débouchés, soixante ou quatre-vingt kilomètres de côtes d'où le (…)
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Faire de l’art riche pour les pauvres
(Jean Raine - 1981)
Plisser de l'oeil, cligner de l'oreille lorsque se produisent des bruits inaudibles, se marcher sur le pied alors qu'on vous a amputé des orteils, être aveugle à toute excitation qui prenne l'oeil pour médium, se contenter du maximum d'aliments qui ne nuisent à l'épanouissement de l'organisme, (…)
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Faux journal d’un delirium
(Jean Raine - 1958)
Alors ? Je me résigne à ce que peu de lecteurs s'aventurent dans cette prose que je pourrais tout aussi bien appeler "Journal d'un faux delirium" ou encore "Véritable delirium privé de son Journal". La raison ? André Breton auquel je vouai dès l'adolescence une vénération quasi amoureuse, mais (…)
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Fedeltà al silencio
(Jean Raine - 1973)
Pennello a mano, pennello a momento distante dai colori e dell'inchiostro di China ! Never more ? Nè per un catalogo, né per nessuno. Ormai tutto si fa nella notte, a vuoto e senza di me. Gli insetticidi hanno fatto fuggire i miei spauracchi, edil io carico di fantasmi si è alleggerito. Mi (…)
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Fondement d’une étude sur le film abstrait
(Jean Raine - 1951)
TABLE DES MATIERES Introduction Pour un ouvrage de portée générale Approche et problèmes généraux Situation de la critique cinématographique : Position et attitude - Nécessité d'une étude historique Mouvement et Lumière Le film abstrait et l'expérimentation - Etude analytique - (…)
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Gloses sentimentales
(Jean Raine - 1972)
Qu'importe soudainement si le système bascule et si le plan se distord ; si la croyance verticale en le monde cède à l'amollissement d'un vecteur redevenu arborescent et touffu qui, sournoisement, tend vers une horizontalité. Instant précieux de confusion à saisir dans ses vicissitudes. Le (…)
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Ho sempre lottato per una liberta
(Jean Raine - 1979)
Ho sempre lottato per una liberta d'espressione, ma che cos'è un'espressione se non un termine vago ! La maggior parte delle volte io non sono me stesso. Amo spronfondare negli incubi e nelle fantasie che alterano cio che si chiama l' "essere". E' dunque fuor di luogo ricercare nella mia opera (…)
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Hors du temps de l’espace
(Jean Raine - 1972)
Ce qui m'a fait aimer et haïr la peinture est le fait d'être né dans une famille qui comptait des membres et des amis artistes peintres. Un oncle notamment médiocre et passionnant tout à la fois. De plus, mon frère s'est orienté vers la peinture très jeune c'est un peintre dont l'incontestable (…)
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Il ne faut rien attendre ici ...
(Jean Raine - 1982)
1. Il ne faut rien attendre ici qui ne soit mis entre parenthèses. Trop d'évènements douloureux furent source de volupté. Trop de chutes furent des envols. Trop de disparitions honteuses, un acte de présence. Trop de présence enfin, qui n'inclinât à faire fuir. J'ai en vain labouré un désert. (…)
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Il suffit...
(Jean Raine - 1982)
Il suffit d'avoir à tout instant en de dérisoires occurences et lors de menus incidents à déclarer son identité, pièces officielles dans la poche. Manier l'injure est un peu trop facile et pourtant... Etre ou ne pas peindre, là n'a jamais été la question. Pour lui en savoir gré, j'aimerais (…)
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Initiation à la philosophie
(Jean Raine - 1955)
QU'EST CE QUE LA PHILOSOPHIE Vus sous un angle particulier, on peut distinguer deux espèces de mots : ceux qui sont usuels, comme le sont "pain, famine, bombe atomique" et ceux qui ne le sont pas, comme "infundibulum et quanta". Entre ces deux catégories de mots, des glissements s'opèrent. (…)
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Instances de paternité
(Jean Raine - 1967)
Ce livre a été conçu à San Francisco en 1967. Je le dédie à mon petit fils Thibauld, alors qu'à l'époque je ne connaissais pas le terme du voyage. Breton têtu, né à Bruxelles, j'ai toujours très systématiquement été le survivant de mes fréquents naufrages. Poète contumace comme dans les Amours (…)
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Instances de paternité
(Jean Raine - 1967)
Il a presque vingt ans et s'appelle Boris. Les années passent vite, se bousculent. Certaines rendent un son creux qui dans le présent de ma vie s'actualisent comme sous un coup de bec de l'oiseau qui fait résonner le bois afin d'en chasser l'insecte dont il va se nourrir. C'est se nourrir de (…)
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Introduction à une psychopathologie du mystère
(Jean Raine - 1984)
Sans doute par déformation professionnelle et par prédilection, mon propos naît d'une réflexion sur "le mystère poétique". Réflexion irritante, tant le sujet fut rabâché dans tous les secteurs des arts, par des créateurs et des philosophes incultes pour qui le mystère ne fut qu'un bouclier. Le (…)
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Je ne dis pas systématiquement non à la beauté et autres textes
(Jean Raine - 1981)
Je ne dis pas sytématiquement non à la beauté. Ma beauté est celle de Baudelaire, de la Vénus Anadiomène. Il peut s'en suivre des putréfactions lorsque la vie côtoie des cimetières. Je n'ai rien à faire "d'embellir" des murs qui enferment, ni de produire des fausses fenêtre. On appelle cela des (…)
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Jean Cocteau ou le machiniste infernal
(Jean Raine - 1952)
JEAN COCTEAU OU LE MACHINISTE INFERNAL DU POTOMAK AU SANG D'UN POÈTE SÉQUENCE I Deux personnages discutent S : Votre intention est je crois de nous parler de l'oeuvre graphique, et plus particulièrement cinématographique de Jean Cocteau, mais je crois savoir que vous désirez en parler sans (…)
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Jean Weinbaum ou le scandale d’un départ
(Jean Raine - 1968)
Les chemins sont souvent longs qui mènent à l'accomplissement d'un artiste. Ce n'est pas que je fasse une mystique du détour douloureux ; mais seulement, insistons-y de l'expérience multipliée et nécessaire : celle de plusieurs naissances revécues périodiquement au cours de l'existence et celle (…)
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Journal d’un délirium
(Jean Raine - 1958)
Rappel de 1960 Mes apophtegmes restent apodictiques. C'est la seule chose dont je puisse encore, bien que parfois non sans rire, franchement rigoler. Voici un an je sortais, après trois mois, de l'hôpital psychiatrique. J'avais été un malade modèle : intraitable ; Je m'étais laissé faire avec (…)
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L’art, le temps et l’espace
(Jean Raine - 1964)
[...] Voilà qu'il n'y a plus rien à faire qu'à se résigner à survivre ou à faire l'inutile effort de se dépasser perpétuellement désormais ! La notion de "dépassement" étant capitale dans l'art contemporain (contemporain d'un perpétuel dépassement, du pas encore, du déjà plus), sous-entendu que (…)
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L’autre comme simulacre
(Jean Raine - 1972)
Maniant des objets et des choses dans notre existence quotidienne une logique pragmatique s'impose à la plupart de nos actions et les régit : un principe d'identité sans lequel nous ne prendrions conscience d'aucune différence, et un principe de tiers exclus confortant le principe précité en (…)
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L’Echelle
(Jean Raine - 1971)
Noir est le blanc en Enfer. Le vertige, sur l'échelle, lorsque celle-ci oscille sous son propre poids, alors qu'un seau de latex - un bidon - accentue la pesanteur haïssable de vingt-cinq kilogrammes de mortelle terreur vous paralyse à dix-huit mètres de hauteur, à dix-huit mètres de la terre (…)
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L’embarquement pour Cythère
(Jean Raine - 1945)
Une faucille de nuages fend le ciel et découvre deux matières juteuses qui s'épanchent en cascades de lumière rouge et verte. Et le ciel cependant - dont je parle en cascade de lumière rouge et bleue - se meurt d'ennui de rêve, non au moment où l'horizon s'illumine pour prévenir que le jour est (…)
- L’existentialisme (Jean Raine - 1946)
- L’oiseau candélabre (Jean Raine - 1949)
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La Maison, Nasser, Messieurs, la Marée
(Jean Raine - 1963)
La marée Pouah la mer crache la mer crachi-crachat la mère bourrasque la mer en veux-tu en voilà la mer est de comète et madame a raison madame a raison par dessus la tête d'être madame et de n'être pas là madame est un sac à puce madame est un sac de noix elle a raison par dessus la lune et (…)
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La mère terrible
(Jean Raine - 1950)
Depuis des temps immémoriaux, le personnage de la Mère Terrible, projeté sur l'écran d'innombrables mythes et de légendes, joue un rôle mystérieux dans le folklore, l'art et les religions. Parée d'attributs étranges, détentrice de dangereux pouvoirs, sont de maléfices insidieux ou de sa (…)
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La pensée difficile
(Jean Raine - 1957)
LA PENSÉE DIFFICILE La main parle la main chante elle est l'ombre de la voix je re cherche autour de moi je fais le geste de te voir sans regarder je prends le temps de tout te dire L'OEIL DE L'EAU La beauté a ses forêts son ciel opposé à la terre un été pour t'aimer un hiver pour te plaire (…)
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La Tombe d’outre mémoire
(Jean Raine - 1971)
Est-ce du temps perdu ou du temps retrouvé ? Ne serait-ce que racine ou simplement un trou ? C'est bien au fond d'un puits que croupit mon propos, eau salée que l'oeil parfois sécrète goutte à goutte. Que sont près les lointains crispant les commissures des lèvres, grimaçants, parlant une autre (…)
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Le big hasard surréaliste
(Jean Raine - 1976)
Pour José Pierre Ainsi, nous voici ramenés, et non pas par hasard, sous le chapiteau du grand cirque où le surréalisme présente ses plus fameux numéros. Va pour Nadja dont le sérieux atteint un comble d'ingénuité. Le scénario ne manque pas d'attrait et force nous est d'admettre que sa qualité (…)
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Le Cas Sigmund en effet
(Jean Raine - 1978)
Se jeter par la portière d'une voiture entre Paris et Venise n'a rien de suicidaire. J'en ai fait l'expérience jadis, alors que j'étais chat. Ce n'était pas précisément entre Paris mais entre Vienne et Venise. Vienne est une ville confortable. Tout comme Freud jadis, je m'étais frotté le pelage, (…)
- Le gène d’autrui sur le chromosome du Soi (Jean Raine - 1968)
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Le rôle de la spirale dans le test du gribouillage
(Jean Raine - 1950)
"Test du gribouillage" : technique d'investigation caractérielle fondée sur l'analyse du comportement pendant l'épreuve, sur l'interprétation du graphisme et sur celle des réactions du sujet à l'égard de son moi. Matériel : une feuille de papier de dimensions fixes et un crayon gras. Consigne : (…)
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Le Temps du verbe
(Jean Raine - 1970)
Pour bien me situer il faut me considérer dans ma vie, ma pensée et mon oeuvre comme fondamentalement surréaliste. Dès 1946 (je suis né en 1927), je reconsidérai avec Breton le problème de l'acte automatique au "merveilleux" duquel aspire la création. Breton avait constaté l'infortune continue (…)
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Le visage, le miroir et le portrait
(Jean Raine - 1978)
Ecrire dans un brouillard de pensée ; entendre ce que l'on voit ; décrypter des rumeurs, s'éveiller aux images pour leur trouver un sens précis ; s'efforcer d'émerger pour être quelque chose ou quelqu'un ; se prouver à ses propres yeux son existence, tel est, en résumé, un exercice auquel chacun (…)
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Les Fous et le feu
(Jean Raine - 1969)
Aspiration, l'inspiration est un dieu qui ravage, que j'essaye d'éteindre en l'attisant tout à la fois, un délire à la fois domestiqué et sauvage. Avide de rituel mais ayant tout d'une épreuve décisive, en quête de cérémonies dont la fréquence augmente, quelle attraction opère, m'enjoignant de (…)
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Lettre à C. Bacciu
(Jean Raine - 1972)
Le 17 Janvier 1972 Jean Raine 2 impasse de l'Eglise 69270 Rochetaillée sur Saône Tél 78 22 31 62 Le 17 Janvier 1972 Camillo Baciu Sanatorium Centre Médico Chirurgical 01000 Hauteville Cher Camillo, Le rire démarre quelquefois comme les fusées de naguère, celles dont on se disait : "partira, (…)
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Lettre à Monsieur le Percepteur
(Jean Raine - 1961)
Bruxelles vers 1961 Monsieur, J'ai l'honneur de vous informer du peu d'enthousiasme avec lequel j'ai reçu, pris connaissance, lu, relu et enfin déchiré le formulaire que vous avez bien voulu m'envoyer. En effet, depuis des années et l'expérience n'a fait que renforcer mes convictions - (…)
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Lettre de JR à Hubert Juin
(Jean Raine - 1975)
Cher Hubert, Notre amitié fut d'une qualité exceptionnelle. Figure-toi que le 24 janvier de cette année fut le jour de mon anniversaire. Ma femme et moi célébrions seuls cet anniversaire qui ne nous rajeunit guère lorsque grâce à la télévision a surgi un de mes amis les plus chers : toi. Tu (…)
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Lieux de peinture
(Jean Raine - 1984)
BRUXELLES. COBRA ALECHINSKY Pierre né à Bruxelles le 19/10/27 Rencontré chez Luc Hasaerts vers 44 ou 45 je l'initie au surréalisme malgré les tabous que faisaient peser "La Jeune peinture" d'alors (abstraction froide, réalisme populaire). Pierre Alechinsky, généreux mais sans complaisance comme (…)
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Malgré l’absence
(Jean Raine - 1973)
Qui vais-je appeler ? Dans la cabine téléphonique du Bar Viola, - pourquoi, mais pourquoi ? Je m'acharne sur le 15 pour appeler l'étranger. Dans un grésillement les mots se désintègrent et à présent je hurle : "pronto". Un souffle me parvient, apparence de voix, de réponse à la question qu'un (…)
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Mon expérience des hallucinogènes
(Jean Raine - 1966)
A l'initiative du Docteur Gaston Ferdière - si souvent présent dans les milieux où on se révèle le plus créateur, élargissant par de subtiles approches le champ traditionnel de la psychiâtrie - je me dois de relater aujourd'hui une expérience portant sur trois séances au cours desquelles je fis (…)
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Mythe et mystification des Hippies
(Jean Raine - 1968)
Pour expliquer, sur la scène mondiale, la naissance simultanée de mouvements de jeunes tels les Hooligans en Tchécoslovaquie, les Provos en Hollande, les Hippies aux Etats-Unis, on serait tenté d'invoquer des causes d'ordre général et de les tenir pour une explication globale suffisante. Alors, (…)
- Non lieu (Ennio Pouchard - 1976Jean Raine - 1976)
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Notes en creux pour une vague
(Jean Raine - 1969)
Mon oeuvre picturale apparaîtra sans doute comme une tératologie complaisante à l'horreur, mais entre autres significations complexes qu'elle revêt, dans le dynamisme créateur de mon expression poétique, elle est sur un plan mythique, une tentative de retrouver l'homme en germe dans une (…)
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O Toi Soutine
(Jean Raine - 1968)
Blanc, je pense à ce blanc qui m'insupporte, à la lumière que haïssait Proust, et ne puis m'empêcher de penser que des peintres aient eu besoin de blanc. O sans doute pour alléger des couleurs abusivement obscurcies par un académisme chargé d'une tradition dont ils n'avaient pas compris la (…)
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Oeil creux sur la Turquie
(Jean Raine - 1970)
Aux bords de la mer de Marmara et aux bords du Bosphore, j'ai vu des tireurs à la carabine appuyer le canon de leur fusil sur la tempe de la cible. Aux bords de la mer Egée, j'ai vu des îles flottantes d'Amérique prospère flotter sur l'océan des pauvretés. J'ai vu aussi des tigres dont les (…)
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Oeuvre poétique 1943 -1983
(Jean Raine - 1983)
Cris de terre Je fais nuit haut comme les astres entre les jambes nues des pétales du soir volées par la pluie au hasard des chemins modulées par la flûte antique pour leur soeur apparue sans ombre et sans détour J'appuie ma main au gouvernail de mes vaisseaux d'amour sur la vitre d'écume et (…)
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Passage
(Jean Raine - 1966)
Le pont brûle Le Potomak passe en dessous et l'on dirait que bout la cendre d'un corps carbonisé l'on chanterait ce corps par pur plaisir de voir un autre corps encore et comme évaporé ne rien laisser comme l'eau qui passe que le reflet d'un pont maintenant sous la glace
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Peinture et Langage
(Jean Raine - 1962)
Le mot contemporain n'indique pas seulement un état, un moment de la chronologie picturale en continuité harmonieuse avec le passé. Dans une voie ouverte par la prise de conscience que le présent, la vie actuelle sont en désaccord profond avec ce qui les a précédé, le mot contemporain a pris une (…)
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Péniblement
(Jean Raine - 1950)
Comme si rien ne s'était passé. Nous achevions notre énumération de plantes. On en dit hélàs toujours trop sur l'avenir. C'est une erreur. Pédoncules de cire, fleurs mortes, pistils gélatineurx, pétales réceptifs, tranche pourpre de matière,terre labourée, plantes gymnospermées, yeux plantés (…)
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Perspectives mineures sur l’art poétique
(Jean Raine - 1981)
Avertissement Simple en mes moyens, nul profil et nulle face. Plus aucun rêve aucun espoir qui promette la saveur d'un souvenir ! des débris, des déchets, des épaves... Rien que réminiscences, en deçà des simples guérisons. Je serai prêt à prendre des décisions sans appel, inexorablement (…)
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Photos d’identité
(Jean Raine - 1985)
En général rien de moins ressemblant au sujet - je dis bien au sujet et non pas au modèle - que ces photos crachées par les "photomatons" ou autres appareils mécaniques qui réalisent le prodige, sans l'intervention d'un photographe, de donner une image de bagnard ou de débile à la personne (…)
- Pierre Mabille (Jean Raine - 1952)
- Poème à la mémoire de Pierre Mabille (Jean Raine - 1952)
- Poèmes (Jean Raine - 1983)
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Poèmes
(Jean Raine - 1979)
LA PORTE GRINCE l'escalier te vomit dans un cri de saxo puisque tu es venue rechercher tes affaires le lit la salière mon rasoir entraîné à raser tes sous-bras et le morceau de ciel que tu prends pour du linge prends donc n'oublie pas la corde à laquelle il pend prends surtout la fenêtre la (…)
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Poèmes à peine poèmes
(Jean Raine - 1958)
DIX ANNÉES Là-bas sous les cocotiers, les singes, après une nuit de sommeil ouvrent leurs yeux mourants sur le jour qui se lève. dix années, dix années de ma vie pour dormir une nuit de singe. TOI Je te dis tu quand tu te donnes et vous quand tu es toi tutoyer dieu vouvoyer l'homme marcher haut (…)
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Poèmes Cat. Beauvais
(Jean Raine - 1958)
Le mythe Un jour un âne qui pourrait l'attester se prit d'hilarité en croquant une pomme point n'est besoin d'être homme je lus dans son regard qu'il avait deviné La frigidité des réveils Tu fus quelques instants comme une ombre endormie rêvant en son sommeil avoir trouvé un corps un corps (…)
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Poèmes de jeunesse
(Jean Raine - 1948)
JE FAIS NUIT Je fais nuit haut comme les astres entre les jambes nues des pétales du soir volées par la pluie au hasard des chemins modulées par la flûte antique pour leur sœur apparue sans ombre et sans détour 'appuie ma main au gouvernail de mes vaisseaux d'amour sur la vitre d'écume et de (…)
- Portrait de naguère (Jean Raine - 1979)
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Portraits
(Jean Raine - 1985)
Portraits amis de J.R. dont des oeuvres ou textes devaient être exposés à l'Ollave rédigé par lui en 1984-85 certains de ces textes ont été publiés dans le catalogue "Le Cas Jean Raine En Effet" 1991 Bibliothèque Municipale de la Part Dieu Une grande famille Lorsqu'on jette un regard sur (…)
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Pour Tom Gutt
(Jean Raine - 1978)
Je me sens vieillir et bien près de la tombe. Ma face s'élargit : un sourire près des larmes. "Jeune encore il est vrai". Le Cid réclame une scène sans mesure mais l'antithèse fait loi : Je vis dans l'outre-tombe, la dalle funéraire portée à bout de bras. POUR TROIS SOUS DE SALPÊTRE L'horreur (…)
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Pour une liberté qui dure
(Jean Raine - 1956)
L'ambition de l'artiste véritable ne saurait être aujourd'hui d'apparaître au public sous un jour avantageux. Le rôle qu'il entend jouer est plus pur et moins facile. Inquiet, attentif à la nouveauté d'un siècle dont il se sent solidaire, d'un siècle qui ne se lasse pas de découvrir et (…)
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Préface à "Ecluses pour l’encre"
(Jean Raine - 1978)
Sans la moindre vergogne lorsque j'écris sur moi, ne récusant pas les préfaces, mais ne faisant appel pour me "pousser" à des autorités de valeurs séduisantes mais trop parfaites et de ce fait caduques en Bourse. Autour du coeur ma graisse est lourde et plus pesante encore la chair de ceux dont (…)
- Préface pour Vincenzo Torcello (Jean Raine - 1975)
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Premier Journal
(Jean Raine - 1945)
La chambre pendant un court instant avait respiré le vertige. Le réel, corriger le réel, quitter un lit poussiéreux, se jeter non plus sur des ombres à dévorer, non plus la fantasmagorie des rêves presque pourris à ne plus voir même ni couleurs, ni formes, ni entendre aucun bruit des banalités (…)
- Premier Poème (Jean Raine - 1946)
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Printemps 1979
(Jean Raine - 1979)
Je n'ai pas l'intention d'être le Rimbaud de notre époque. Je n'irai pas crever à Marseille et je mets au défi n'importe quel chirurgien de m'amputer. Ce qui m'importe est de mutiler esthétiquement le style, me référer en filigrane à Corbière, rester fidèle à Mallarmé, cultiver des tics à la (…)
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Qu’une exposition de peinture
(Jean Raine - 1951)
Qu'une exposition de peinture et plus particulièrement de peinture expérimentale et abstraite, accueille aussi largement que celle-ci des oeuvres cinématographiques n'a rien qui doive étonner. De multiples raisons, toutes fort pertinentes, incitent l'écran et la toile à voisiner. Depuis les (…)
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Quelques Pâleurs d’amour
(Jean Raine - 1970)
ANIMAUX Sois calme sois tendre dis à l'enfant son chagrin sois plus fragile que les cils et que les doigts de la main plus imprévue qu'est l'ombre de la bosse de mon oncle sur le dos du lapin qui s'amuse à courir pour amuser ses pattes travaille à ta minceur et sois vite mon lapin si tu veux (…)
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Recul devant le bistouri
(Jean Raine - 1972)
"Conscience sans science n'est que ruine de l'âme" J.P. Stroot "L'homme meurt d'un rêve justiciable d'une seule thérapeutique : la stimulation. Le mensonge à coeur froid est un facteur non négligeable contribuant à la pagaille et à la multiplication des citrons sans pépins, gage de notre (…)
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Sans la moindre vergogne...
(Jean Raine - 1970)
Sans la moindre vergogne lorsque j'écris sur moi, ne récusant pas les préfaces, mais ne faisant appel pour me "pousser" à des autorités de valeurs séduisantes mais trop parfaites et de ce fait caduques en Bourse. Autour du coeur ma graisse est lourde et plus pesante encore la chair de ceux dont (…)
- Six poèmes (Jean Raine - 1965)
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Sur la peinture abstraite
(Jean Raine - 1969)
A notre époque, l'image extérieure de la réalité a perdu toute puissance convaincante. Il n'y a pas loin du peintre à l'enfant. Tous deux pressentent que le mystère n'est pas dans l'enveloppe mais dans l'intimité des choses. Comme l'enfant, le peintre court le risque de détruire l'objet pour en (…)
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Sur un étang gelé
(Jean Raine - 1979)
Sur un étang gelé, une nappe de brouillard noir, des débris d'oiseaux, des os qui s'entrechoquent. Ainsi va ma peinture. Par la masturbation, je cherche à faire du bruit. Que sont belles les baleines ! Je découvre des peaux qu'à loisir je rapetisse. Mes démons viennent de loin et à pied. Leurs (…)
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Textes poétiques
(Jean Raine - 1970)
Des pas A présent il fait calme. La journée prend l'allure majestueuse d'un drap immaculé sur un lit d'hôpital, asile dont les murs lisses et sans vie sont sans vie sont sans tain, sans mémoire, hospitaliers, accueillant le malade qui succède à celui qui est mort. L'aube s'encadre dans la (…)
- Tomate, peinture etc... (Jean Raine - 1973)
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Un graphisme hypnotique
(Jean Raine - 1968)
A plusieurs reprises, d'une manière explicite ou implicite, nous avons fait entrevoir le fait que dans la peinture américaine, si l'on excepte l'apport du pop-art et la lancée sur laquelle vit un art traditionnel, la plupart des artistes s'acharnaient à créer un monde où les pistes suivies par (…)
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Un propos ayant le dessin pour objet
(Jean Raine - 1951)
Un propos ayant le dessin pour objet met l'esprit sur des voies si diverses qu'il faut limiter son ambition à les suivre au hasard. Céder à la tentation de se laisser aller, se perdre dans le labyrinthe d'une rêverie, puis se ressaisir, raturer son parcours, céder à nouveau aux capricieux (…)
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Un voile en moi se lève
(Jean Raine - 1984)
Un voile en moi se lève tandis que des mots aux cadences de vague commencent à roulercomme un flot régulier, fendu par une étrave. Ce n'est pas à proprement parler de l'écriture automatique, cette écriture dont "l'histoire est celle d'une infortune continue", mais pourtant, un discours dont le (…)
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Une grande famille
(Jean Raine - 1985)
Lorsqu'on jette un regard sur le passé, on ne peut que se poser une question à laquelle il est difficile de répondre. Est-ce la plasticité de la jeunesse ou la misère partagée qui alimentent d'ineffaçables amitiés. Tenter de répondre à cette question est une quête du Graal. Que veut dire ne plus (…)
- Une Matinée (Jean Raine - 1965)
- Une naïveté dont l’essence s’ignore (Jean Raine - 1971)
- Van Gogh (Jean Raine - 1946)
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Voilà de la pensée
(Jean Raine - 1968)
Voilà de la pensée qui s'envole, qui ne passe pas par ma main, qui se transmet à une main que j'aime. Pour qui me prends-je ? Un des amis qui me fut le plus cher s'est servi de ma main pendant des années pour que sa parole s'inscrive sur une feuille blanche, sur la neige, de laquelle j'essayais (…)