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Poèmes Cat. Beauvais (1958)

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Le mythe

Un jour un âne qui pourrait l’attester
se prit d’hilarité en croquant une pomme
point n’est besoin d’être homme
je lus dans son regard qu’il avait deviné

La frigidité des réveils

Tu fus quelques instants comme une ombre endormie
rêvant en son sommeil avoir trouvé un corps
un corps comme un soupir
le soupir caressant et profond de la mort
viens viens reviens sans cesse
et cesse enfin de croire à la vie comme on dort

Douceur opératoire

La vis sans fin de l’écoute
fore à vif et à flan de bidon le vide sonore
de la déroute
or voici que paraît l’animal dit grelette
agitez agitez
agitez la sonnette
apothéosez étendardement
le suprême recours au sang frais qui ruisselle
à tout ce qui se dit de la bouche à l’oreille
tandis
que le jour crève égorgé par la nuit

Délicatesse

L’âne lia bien fort le chat à la gouttière
et la souris alors
la belle souris blanche
sourit à l’âne et dit
l’âne tu es mon ange
à quoi l’âne répondit
de rien mon rat
on ne dit pas merci aux anges

Comptine du père Ubu

D’un beau Nibu nous ferons un laid Nibu
d’un laid Nibu nous ferons un beau Nibu
ainsi de Nibu en Nibu beaux ou laids
nous prouverons que parmi les Nibu
aucun Nibu ne se tient pour un être parfait

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