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Un voile en moi se lève (1984)

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Un voile en moi se lève tandis que des mots aux cadences de vague commencent à roulercomme un flot régulier, fendu par une étrave. Ce n’est pas à proprement parler de l’écriture automatique, cette écriture dont "l’histoire est celle d’une infortune continue", mais pourtant, un discours dont le ton tient certains élans du "Message". Le cul sous la ligne de flottaison, je laisse aller ma bouteille, sans croire à la dérive.

Une lueur, celle du souleil sous l’eau, dont le plein jour peut se targuer de faire irradier la raison, pose un problème. un problème qu’il devient urgent de résoudre. Mais baste ! Il n’est pas moins urgent de hanter d’abord la nuit et de faire le bilan de ses essentielles obscurités, avant de se prendre aux obres dont le soleil est maître et d’en circonscrire des pans, comme l’ont fait Magritte ou Bachelard.

Un retour à la fantasmagorie nocturne s’impose pour en connaître enfin l’ordinateur, car en définitive, un homme est mort, que l’on s’accordait à tenir pour le maître et auquel survit une machinerie qui s’obstine à faire revivre les obsolères illusions du passé.

Ce passé - celui des grandes illusions - est mort. La fantasmagorie surréaliste a fait fond en premier sur la nuit et, comme des éphémères, mille écrans ont tout aussitôt resplendi : rêves, mots lumineux perçus au travers d’une vitre, visions complices d’une légère pression sur l’oeil de la paupière, jeux dans lesquels, tout voisinage aboli, le plus proche se trouvait dans le lointain d’une association d’idée sans confin avec la première.