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Pour une liberté qui dure (1956)

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L’ambition de l’artiste véritable ne saurait être aujourd’hui d’apparaître au public sous un jour avantageux. Le rôle qu’il entend jouer est plus pur et moins facile. Inquiet, attentif à la nouveauté d’un siècle dont il se sent solidaire, d’un siècle qui ne se lasse pas de découvrir et d’inventer, l’artiste prétend intégrer son art, dans le complexe de la culture et l’harmoniser avec elle. Et certes, il n’a pas tort de croire que l’art a sa part dans le contrepoint des Grandes Voix, dominé actuellement par celles des sciences et des techniques.

C’est un fait avéré que les arts concourent effectivement à l’oeuvre civilisatrice et qu’ils ont une part active dans les processus structurants de la vie sociale ainsi que dans l’élaboration de la conscience, de la sensibilité humaines. L’art est moins gratuit que le jeu d’inconsistantes polémiques ne le laisserait croire. Sous l’impulsion des sciences sociologiques et psychologiques, une esthétique scientifique permet de percer à jour les aspects fondamentaux du comportement artistique et de les situer dans une perspective humaniste qui embrasse l’être vivant dans sa totalité. La notion de l’unité de l’être vivant est un des postulats de la pensée moderne. Une science de relations s’établit qui met en évidence la signification fonctionnelle et frénétique du comportement esthétique, et l’on s’aperçoit alors que l’art n’est pas simplement un témoignage, un reflet, un embellissement de la vie.

On découvre qu’il est un acte structurant, efficient ; un acte qui détermine et modifie les modalités de l’existence. Issue d’un geste créateur, l’oeuvre devient créatrice à son tour, instrument de connaissance qui concourt utilement au progrès.