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La Maison, Nasser, Messieurs, la Marée (1963)

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La marée

Pouah la mer crache
la mer crachi-crachat
la mère bourrasque
la mer en veux-tu en voilà

la mer est de comète
et madame a raison
madame a raison par dessus la tête
d’être madame et de n’être pas là

madame est un sac à puce
madame est un sac de noix
elle a raison par dessus la lune
et par dessus tout elle est de bonne foi

pouah la mer est honnête
elle ne prend rien qu’elle ne rende
les noyés ont-ils l’air bête
de s’en aller pour si peu de temps

La Maison

Le décor est signé
on lit le nom de l’architecte sous la crasse
le décor saigne du nez
le décor a des seins en terrasse
le passant sur le pavé les ramasse
la maison est toujours à louer

Je suis nu je suis le ver de ta pomme
je suis en somme le durillon
de ton coeur
une petite épave molle éblouie par les vagues
je suis le canal de l’Aisne à l’Oise
que nous avons vaillamment défendu
sir Anhony croyez-moi
le canal est perdu

Messieurs

A Chypre me disait Makarios
il ne fait plus bon vivre
les soirs y ont des yeux lilas
et la mer prend plaisir
à bouillonner sa robe rose
et grise
mais les Anglais s’entendent à tout gâter
ils ont ce travers ridicule
leur amour des potences est plus grand
que leur amour pour l’olivier
ils pendent les partisans
qu’une corde retient à quelques pieds de terre
et curieusement
quand chantent les bergers
comme une potiche sévère
la mort parfois percute un crâne condamné