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Gloses sentimentales (1972)

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Qu’importe soudainement si le système bascule et si le plan se distord ; si la croyance verticale en le monde cède à l’amollissement d’un vecteur redevenu arborescent et touffu qui, sournoisement, tend vers une horizontalité. Instant précieux de confusion à saisir dans ses vicissitudes. Le mécanisme d’alerte déclenché, le nombril trop précis devient tache parce que des fils rompus pendent à présent dans la pâleur du vide. Un germe a dérapé, engagé dans l’aventure d’une croissance extra-utérine. Préface absurdement muette à l’indéchiffrable roman qui s’ébauche pourtant dans la visqueuse matrice des poubelles.

(Variante)

Parce qu’un coin s’est détaché de la feuille, parce qu’un buvard trop humide a cédé à la traction fragile, parce que se sont effacés lentement les regards et les yeux, parce qu’un fil s’est rompu pour pendre dans le vide, ai-je labouré l’oubli jusqu’au fond de ses rides. Que l’informe, aux contours difficiles, soit un instant la tache d’un nombril trop précis. Nidifiant à nouveau, sans croire aux déchéances préfaçant sans parler une ancienne existence, voici que s’offre au jour un germe flamboyant, très pâle, des lueurs promises aux existence.