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Faux journal d’un delirium (1958)

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Alors ? Je me résigne à ce que peu de lecteurs s’aventurent dans cette prose que je pourrais tout aussi bien appeler "Journal d’un faux delirium" ou encore "Véritable delirium privé de son Journal". La raison ? André Breton auquel je vouai dès l’adolescence une vénération quasi amoureuse, mais que je pris en grippe rapidement, prétendait ne pas avoir le temps d’écrire un livre (mensonge) pour cette raison qu’il lui semblait superflu de vouer sa plume à faire s’ouvrir et se fermer des portes, à décrire des personnages, pourtant présents etc... Voyez le topo... Des velléités en quelque sorte.

Mon parti-pris est plus ingrat : au complet déboussolage, la créature humaine a totalement disparu. Pas même des fantômes mais seulement des traces comme dans la chambre de Watson. Moins la particule a de consistance et plus elle m’intéresse dans le magnétisme des champs. Je laisse au lecteur le plus passionnant du plaisir esthétique. A lui de restituer mes apparentes incohérences au vécu quotidien confesse sans nulle honte l’ennui dans lequel me plonge une lecture de Proust.

D’ailleurs je ne lis plus, satisfait de provoquer par-ci par-là de petites implosions ou de recevoir celle d’autrui.

Quant à la facture littéraire, j’espère que l’on me concédera que tout ceci est étrangement écrit. J’ai fait du brouillon - du cahier de brouillon d’écolier - une esthétique. En résulte l’esthétique qu’on voudra. Voici le lecteur averti, auquel je m’obstine à répéter qu’il s’agit bien d’une oeuvre romanesque. A lui de jouer.