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Le voyage extraordinaire (1996)

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En 1996, le Musée d’Art Contemporain accueille en dépôt trois peintures de Jean Raine, peintre, cinéaste et poète décédé dix ans plus tôt dans la région lyonnaise où il vivait depuis 1968.

Si nombre d’oeuvres de l’artiste ont déjà été montrées et notamment à Lyon) depuis sa première exposition personnelle en 1972, le "Voyage Extraordinaire" donne l’occasion de voir pour la première fois "La couveuse à roseaux" et "Un saignement du Mont Rose", deux immenses toiles réalisées par Raine un an avant sa mort. Sur ces feuilles de papier marouflées sur toile bout à bout, on retrouve le grand désordre graphique, la prolifération de traits, de tâches, de formes, caractéristiques de l’art de Raine qui déclarait en 1970 : "Mon oeuvre picturale apparaîtra sans doute comme une tératologie complaisante à l’horreur, mais, entre autres significations complexes qu’elle revêt, dans le dynamisme créateur de mon expression poétique, elle est sur un plan mythique, une tentative de retrouver l’homme en germe dans une originelle animalité."

Pour accompagner ces oeuvres, Sanky Raine a consenti le prêt de 10 toiles des années soixante réalisées à l’encre de chine noire sur papier de coupe, papier très mince en usage chez les tailleurs et devenu le support de prédilection de Raine depuis 1962. Six de ces peintures exécutées debout comme toutes les oeuvres de l’artiste sont de 1962, année pendant laquelle Raine réalise une importante série d’encres manifestant une spontanéité de geste et une liberté d’inspiration toute orientale.

Il ne s’agit pas de tachisme, ni de délire à partir de calligraphie. Peinture abstraite et calligraphie sont des mots dont il ne faut pas faire des "ismes". "N’écrivez pas avec les mains, n’écrivez pas avec les bras, écrivez avec le coeur", disait un maître calligraphe. Japonais, Européens, nos cultures se rejoignent." (Jean Raine, 1965)