Aux portes de Lyon travaille silencieusement un grand peintre. Et pas né d’aujourd’hui. Jean Raine, peintre, écrivain, cinéaste, est né le 24 janvier 1927 à Bruxelles. En 1945 il se lie avec Magritte et le groupe surréaliste belge puis, en 1946, avec le groupe surréaliste français. Il devient le proche collaborateur de Henri Langlois à la Cinémathèque Française. Puis il participe au groupe Cobra (groupe de peintres nés à Copenhague, Bruxelles, Amsterdam). Il réalise des films sur les travaux de Pierre Mabille, Michel de Ghelderode.
A Bruxelles, il crée une institution pilote pour la réadaptation des malades mentaux. Il part pour San Francisco où il séjourne deux ans, découvrant les couleurs après un énorme travail en noir et blanc réalisé à l’encre de chine. Jean Raine vit à présent à Rochetaillée sur Saône, pratiquant comme Joe Bousquet un "Exercice du Silence".
Comme Antonin Artaud qu’il a connu, conscient dans sa folie, il refuse toute récupération et son moyen de lutte est la subversion intégrale. Congénitale en quelque sorte. Jean Raine a fait des études à l’Université de Bruxelles en Droit, en Sciences politiques et en Morphophysiologie à l’Institut des Hautes Etudes de Paris. Depuis longtemps il voit la fin pourrissante du capitalisme. Il en refuse les aliénations.
Devant les immenses encres et les immenses toiles colorées intransportables, il y a présente la mort, mais refusée sans arrêt, un désespoir seul digne d’intérêt, un geste composé, un titre dont l’existence est aussi importante que l’oeuvre peinte, un clin d’oeil mais soufré, dérision, sourire, une signature, un J.R. écrit avec une même brosse pleine de couleur.