Faire connaître l’oeuvre de Jean Raine nous paraît une ardente obligation, car cet artiste important n’occupe pas la place qu’il mérite.
Jean Raine a traversé, côtoyé, animé de nombreux milieux intellectuels et artistiques... En 1941-1942, il fut l’un des fondateurs des jeunesses musicales de Bruxelles. Dès 1943, il fréquentait le groupe surréaliste bruxellois (M. Lecomte, R.Magritte, L.Scutenaire). En 1945, il fréquenta les dimanches de Luc Hasaerts où il rencontra P.Alechinsky, P.Delvaux, et J.Ivens. En 1947, installé à Paris il rencontrait le groupe des surréalistes parisiens : A.Breton, P.Mabille, Matta, Brauner. Dans les années 50 alors que sa principale activité était cinématographique, il entra en contact avec le groupe Cobra, écrivit dans la revue du groupe dans lequel on l’a souvent inclus et commença à peindre en 1957. Pendant les années 60 son activité picturale s’épanouit, il entra en relation étroite avec Marcel Broodthaers et s’installa pour quelques années en Californie (1966-1968).
Surréalisme, expressionisme et mouvement Cobra se sont donnés rendez-vous dans l’oeuvre de Jean Raine.
Celui-ci a cherché éperdument à éliminer son angoisse vitale dans des formes d’expression successives. Tout d’abord dans le Cinéma. Après la rencontre avec H.Langlois en 1946, Il travailla pour la Cinémathèque française puis organisa le "Petit festival du film expérimental et abstrait" à Liège et collabora à la réalisation de divers films ("Jeu de construction" H. Kessels, "Les ports belges" de H. Storck, "Michel de Ghelderode avec Luc de Heusch...). Jean Raine fut aussi écrivain pendant toute son existence et dans les voies les plus diverses : articles dans la revue Cobra, le Journal des Beaux Arts, Phantomas, Le Californien ; préfaces d’expositions, recueils de poèmes. Il partageait ainsi avec d’autres Cobras - P. Alechinsky, et Christian Dotremont - la passion de l’écriture. Il est tout à fait légitime de s’interroger à propos de son oeuvre : Peinture ou écriture ?
La peinture fut évidemment la principale forme d’expresson de Jean Raine. Des minuscules dessins de 1944 aux immenses toiles des années 1980, l’angoisse de l’artiste élargissait l’espace d’expression. L’oeuvre est diverse par ses supports et par les dimensions : peintures acryliques sur toile, encres et peintures sur papier marouflé sur toile, toiles tendues sur chassis et toiles libres.
L’oeuvre de Jean Raine, insuffisamment connue est d’un intérèt majeur pour l’art contemporain.