Si Jean Raine a travaillé depuis 1968 à Lyon, c’est coïncidence et l’on se gardera bien de ramener l’importance de son oeuvre à des dimensions locales, même si aujourd’hui la Galerie Gérard Chomarat de Lyon, la Maison du Peuple de Vénissieux, le Musée de Brou lui rendent hommage ainsi que la galerie Protée qui, enfin "installe" l’oeuvre à Paris.
Le parcours de Jean Raine est d’abord poétique. De Belgique, il participe aux écrits de la revue Cobra, ce groupe de peintres (Asger Jorn, Pierre Alechinsky, Jacques Doucet, Karel Appel...) qui de Copenhague, à Bruxelles en passant par Amsterdam érigeait entre 1948 et 1951 un art expressionniste informel, imprégné d’un lyrisme gestuel assez proche - à la fois de l’action painting de Pollock et de l’art primitif. Après avoir rencontré Henri Langlois et oeuvré pour le cinéma, Jean Raine s’ouvre à toutes formes d’expression, comprenant que la multiplicité des possibilités offertes ne suffira pas à combler sa soif de création. L’oeuvre axée sur le "délire" et "l’obsession" est toujours soutenue en valeurs fortes noires ou colorées, et se décline en une sorte de grand poème automatique, qui résulte de l’aventure accidentelle de la tache et de son utilisation détournée, dans l’acte d’apparence incontrôlé.
Les influences ne perturbent pas l’homme, même lorsqu’il séjourne en Californie avec son épouse avant de s’enterrer à Lyon. L’importance de l’oeuvre laissée par Jean Raine, permet de mesurer l’ampleur des questions existentielles, nous autorisant à entrevoir les assauts d’un soleil intérieur qui dévorait son être.