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Cobra au coeur du XXème siècle (1997)

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[...] Chez Alechinsky, pour rejoindre Cobra, d’autres ingrédients sont entrés en composition. Par exemple le surréalisme, et dans un premier temps davantage les textes surréaliste que la peinture. Il en a la révélation dès 1945, dans le grenier de Luc Hasaerts. Il y rencontre non seulement des peintres comme Van Lint ou Gaston Bertrand, des cinéastes comme Henri Storck et Luc de Heusch (par ailleurs futur ethnologue et "Luc Zangrie" dans Cobra), mais aussi quelques jeunes poètes, dont Hubert Juin et Jean Raine, "qui lui fera lire les surréalistes et lui révélera Freud", comme l’a indiqué Alechinsky lui-même dans une de ses biographies. A cette époque Raine est assistant de Pierre Mabille, lui-même ami très proche de Breton et membre du groupe surréaliste de Paris, et surtout auteur d’un "Miroir du Merveilleux" paru en 1939, livre de raison et de déraison qui n’a cessé depuis de catalyser les rêves de plusieurs générations de lecteurs.

Avec Mabille, Raine réalisera en étroite collaboration un film sur le fameux "Test du Village". Suivant l’exemple d’Alechinsky, il rejoindra Cobra, publiera dans la revue une étude sur "La Mer terrible" et collaborera avec Luc de Heusch au film "Perséphone" unique intervention cinématographique de Cobra. Il ne manquera d’ailleurs pas de préciser ; "Ma participation à Cobra n’eut pour seule raison que les liens qui m’unissaient à Pierre Alechinsky". Quoi qu’il en soit, plus tard, vers 1958, Jean Raine à l’instar de Lucebert et de Dotremont se tournera vers la peinture et réalisera de grandes compositions hallucinatoires, à la gouache, à l’acrylique ou... au cirage, et c’est d’ailleurs à ce titre qu’il est plus connu aujourd’hui. Raine était un personnage ombrageux, qui disait volontiers qu’il n’aimait pas "passer pour un artiste", et qui a écrit dans son "Journal d’un Delirium" : "Je m’arrache des éclats de rire comme on se gratte les poux".