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Jean Raine (Jean Geenen) Bruxelles (1927-1986) (1995)

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De son vrai nom Jean Geenen, il n’est âgé que de huit ans lorsque son père meurt. En 1939, il est lycéen dans la même classe que Luc de Heusch et Hubert Juin. Durant la guerre, il lie connaissance avec le groupe surréaliste belge, Magritte, Scutenaire, Lecomte, de même qu’avec André Souris et Michel de Ghelderode. C’est à cette époque qu’il prend le pseudonyme de Raine, en tirant des lettres hors d’un chapeau. A partir de 1945, il peint ses premières toiles et publie quelques textes. Il fréquente les "Dimanches" de Luc Hasaerts où il rencontre Alechinsky, Paul Delvaux, Henri Storck...

Jean Raine publie dans le numéro 3 de "Cobra", Acousticons et Sonotones", réflexion sur le passage du cinéma muet au cinéma sonore. Dans le numéro 6, on trouve un long poème qu’il termine par ces mots : "Ne vous affolez pas, c’était drôle à délirer". Dans le numéro 7, il publie une étude d’inspiration psychanalytique sur l’image de la mère castratrice, mais c’est avec "un propos ayant pour objet le dessin" que Jean Raine livre le principe sur lequel nous nous sommes fondés pour notre approche de la pensée-Cobra : "Dans le temps qu’il est vu le monde est agi". Ce texte figure dans le numéro 10 que prépara Pierre Alechinsky : "... Ma participation à Cobra, écrira Raine n’eut pour seule raison que les liens qui m’unissaient à Pierre Alechinsky" (in "Jean Raine en effet", p.38).

Dans le cadre de la IIème Exposition internationale d’Art expérimental organisée par Cobra à Liège en 1951, Jean Raine, qui travaillera de 1947 à 1960 à la Cinémathèque française avec Henri Langlois met sur pied un "Petit festival du film expérimental et abstrait". Raine signe le texte de présentation en première page du programme : "Destiné, semblait-il, à donner l’image la plus fidèle et la plus proche de la réalité, le cinéma n’hésita pas dès 1920, à se mettre au service des peintres qui s’en éloignaient le plus... Cependant, l’art abstrait ne s’est pas contenté d’expérimenter les domaines du dessin et de la peinture. En cela le cinéma l’a suivi et n’a cessé de prospecter les voies nouvelles : matières plastiques, mobiles et objets fournissent de plus en plus fréquemment la matière première des films et donnent aux écrans des dimensions, des teintes, des aspects jamais vus. Les recherches se sont orientées également vers les problèmes posés par le son" (in "Cobra 1948-1951")."

C’est un poème de Jean Raine qui est lu dans le film-Cobra "Perséphone" de Luc de Heusch.

A partir de la fin des années 50 ; il se consacre surtout à la peinture, avec de l’encre de Chine, crayons de couleur, acryliques colorants alimentaires, huile, cirage... Comme Alechinsky, il peint sur de grandes feuilles de papier couchées sur le sol, le pinceau à la main. Son oeuvre est exposée au Etats-Unis, en Italie, France, Belgique... Il n’a pas pour autant cessé son activité littéraire, collabore avec Joseph Noiret à "Phantomas". En 1984, les éditions de la Différence publient son "Journal d’un delirium". Il meurt à Lyon devenue sa ville d’adoption.